LâĂ©tĂ© arrive, les tempĂ©ratures grimpent, et avec elles, une double question rĂ©currente chez les salariĂ©s :
- Puis-je venir travailler en short ou tenue légÚre/ porter des tongs ?
- Lâemployeur doit-il amĂ©nager les horaires pendant la canicule ?
Sous le soleil exactement, que prévoit le Code du travail ?
1) Tenue vestimentaire : une liberté encadrée
Le droit reconnaĂźt au salariĂ© une libertĂ© de se vĂȘtir Ă sa guise (principe de libertĂ© individuelle â article L 1121-1 du Code du travail).
Depuis un arrĂȘt de principe de 2003 (Cass., soc., 28 mai 2003, N°02-40.273), la Cour de cassation est venue rappeler que cette libertĂ© nâentre pas dans la catĂ©gorie des libertĂ©s fondamentales : lâemployeur peut y apporter des restrictions justifiĂ©es par la nature de la tĂąche Ă accomplir et proportionnĂ©es au but recherchĂ©.
En lâoccurrence, et dans le cas dâespĂšce, il sâagissait dâun technicien qui continuait Ă porter un bermuda sous sa blouse, en dĂ©pit des nombreuses consignes de son employeur.
Ce que lâemployeur peut faire :
- Interdire le short ou la tenue trop dĂ©contractĂ©e (type survĂȘtement) (Cass.,soc., 12 novembre 2008, N°07-42.220) ; (Cass. Soc, 6 novembre 2001, N°99-43.988), ou encore le port de tongs (CA ChambĂ©ry, 30 aout 2012, n° 11/02198) pour le ou la salariĂ©(e) en contact avec la clientĂšle, pour des raisons dâimage. (Cass.,soc., 12 novembre 2008, N°07-42.220) ; (Cass. Soc, 6 novembre 2001, N°99-43.988)
- Imposer une tenue de sĂ©curitĂ© (gants, chaussures, vĂȘtements longs) dans les environnements Ă risques. Les salariĂ©s sont tenus de se plier aux contraintes vestimentaires commandĂ©es par la rĂ©glementation. Celui qui sây refuse commet une faute grave (Cass. Soc., 23 mars 2005, n° 03-42.404 ; Cass. Soc. 19 juin 2013, n° 12-14.246)
- Imposer une tenue dictĂ©e par des nĂ©cessitĂ©s sanitaires tenant Ă lâhygiĂšne (filet Ă cheveux, tablier âŠ) (Cass., soc., 29 janvier 1984, n° 81-42.321)
Ce qu’il ne peut pas faire :
- Imposer une tenue précise sans justification
- Interdire toute tenue estivale sans considération du poste occupé
Rappel : ces restrictions sont prĂ©cisĂ©es dans une note de service ou dans le rĂšglement intĂ©rieur, sâil existe. Certaines conventions collectives comportent Ă©galement des clauses mentionnant le port d’une tenue spĂ©cifique.
2) Canicule : quelles obligations pour lâemployeur ?
En cas de fortes chaleurs, lâemployeur a lâobligation de garantir la sĂ©curitĂ© et la santĂ© physique des salariĂ©s (article L4121-1 du Code du travail).
Comme l’indique le ministĂšre du Travail, l’employeur est tenu de mettre en place une organisation et des moyens adaptĂ©s aux Ă©pisodes de fortes chaleurs.
Travail et fortes chaleurs : nouvelles obligations dĂšs le 1er juillet 2025
A ce titre, le décret n°2025-482 du 27 mai 2025, publié le 1er juin, et applicable dÚs le 1er juillet 2025 renforce la réglementation en matiÚre de prévention des risques liés à la chaleur au travail.
- TempĂ©rature adaptĂ©e toute lâannĂ©e dans les locaux (R.4223-13).
- Eau potable et fraĂźche disponible Ă proximitĂ© des postes (3L/jour/salariĂ© si pas dâeau courante â R.4225-2).
- EPI adaptés aux conditions climatiques (R.4323-97).
- Nouvelle démarche de prévention intégrée au Code du travail (R.4463-1 à R.4463-8) :
â Ăvaluation spĂ©cifique dans le Document Unique dâĂvaluation des Risques Professionnels
â Mesures techniques et organisationnelles
â Protection des agents vulnĂ©rables
â Protocoles dâalerte et intĂ©gration dans les plans de prĂ©vention - DĂ©finition des Ă©pisodes de chaleur intense :
â Vigilance jaune : pic de chaleur court ou chaleur modĂ©rĂ©e persistante.
â Vigilance orange : canicule (chaleur intense et durable).
â Vigilance rouge : canicule extrĂȘme, exceptionnelle par son intensitĂ©, sa durĂ©e ou ses effets.
3) Horaires aménagés : un droit ?
Non, ce nâest pas un droit automatique, sauf si la convention collective le prĂ©voit.
Mais le refus dâamĂ©nager les horaires en pĂ©riode de canicule peut ĂȘtre contestĂ© si la santĂ© du salariĂ© est mise en danger.
Par ailleurs, lorsque MĂ©tĂ©o France publie une alerte vigilance rouge au risque de canicule, l’employeur est soumis Ă plusieurs autres obligation, notamment Ă une réévaluation quotidienne des risques encourus par chacun des salariĂ©s.
En fonction de cette réévaluation des risques, lâemployeur doit ajuster la charge de travail, les horaires, et plus gĂ©nĂ©ralement lâorganisation du travail, pour garantir la santĂ© et la sĂ©curitĂ© des travailleurs pendant toute la durĂ©e de la pĂ©riode de vigilance rouge. Une attention particuliĂšre doit ĂȘtre portĂ©e aux femmes enceintes, aux personnes souffrant de pathologies chroniques ou en situation de handicap, etc.
4) Le droit de retrait : une option possible ?
Si un salariĂ© est exposĂ© Ă une tempĂ©rature extrĂȘme, sans adaptation des conditions de travail, il peut invoquer le droit de retrait (article L4131-1), Ă condition :
- que le danger soit grave et imminent, et
- que le salariĂ© ait alertĂ© lâemployeur au prĂ©alable.
Attention : cette dĂ©marche doit ĂȘtre proportionnĂ©e et de bonne foi. Lâabus peut entraĂźner une sanction.
5) Canicule : quels recours en cas de manquement de lâemployeur ?
En cas d’absence de mesures adĂ©quates face Ă une vague de chaleur, le salariĂ© peut :
- Saisir les services d’inspection du travail,
- Saisir le comitĂ© social et Ă©conomique (CSE), si ceux-ci sont prĂ©sents dans lâentreprise
Le cabinet J2S Avocates peut vous accompagner dans vos démarches si :
- Vous subissez des conditions de travail dégradées en période de canicule,
- Vous ĂȘtes sanctionnĂ©(e) pour votre tenue sans justification valable,
- Vous souhaitez faire valoir vos droits dans un cadre sécurisé.